Deutsch
Je quitte mon palace tôt
Sans avoir pris de douche
Ni de petit-déjeuner
Direction…
48 kilomètres, pfutt une promenade de santé ! Et de belles fleurs…
De plus près c’est encore plus joli !
Sauf qu’il n’y a plus de route
Et qu’il a plu abondamment cette nuit
Les Gabonais, beaucoup plus riches que leurs voisins, ne veulent pas d’un exode massif de Congolais chez eux.
Moralité la « route » qui mène au Congo se dégrade jour après jour…2 heures pour 48 kilomètres
Il faut savoir qu’au Gabon le visa de sortie n’est pas délivré à la frontière mais dans la ville la plus proche (en l’occurrence Ndendé). Je ne le savais pas.
A 12 kilomètres de la frontière on me signe mon CPD. Normal.
Mais à la frontière, la gendarmerie Gabonaise me dit que, n’ayant pas de tampon de sortie, je risque d’être embêté par les Congolais.
Pour attester, le chef de propose d’emmener deux douaniers avec moi jusqu’au Congo. Nous voilà à trois dans la voiture, Stevens, Junior et moi. Le siège passager semble être fait pour les douaniers …
Arrivée au Congo
Les douaniers Congolais ne sont pas chauds pour me laisser passer « tu es sorti sans que la Sûreté Gabonaise le sache, tu es comme un espion »
Les Gabonais me font signe de ne pas m’inquiéter «on va discuter »
Pour ça on discute. Notre-Dame de Paris, leurs Présidents, la corruption, France-Afrique, Total… notamment avec Yannick, le Congolais.
Ils constatent que le visa du Congo n’est pas sur le même passeport. Ça se complique quand ils veulent voir le visa de la RDC. Il est sur le 3ème passeport… Gros moment de solitude avec mes 3 passeports étalés sur le bureau. « Chez nous avec trois passeports on va en prison… »
Cela me donne l’occasion de rencontrer un Américain, Evans, et un Finlandais, Jaalko, qui sont partis du Portugal en moto et qui rejoignent Le Cap. Ils remplissent les documents douaniers !
Bref, au bout d’une heure et demie, j’ai mon tampon sur le passeport et le cachet sur le Carnet de Passage en Douane. Ouf ! Et ils me rendent mes trois passeports. Re ouf !
Et là, coup de téléphone de la hiérarchie aux douaniers Gabonais qui m’accompagnent : « On a fait une erreur, faites le revenir à Ndendé pour qu’on lui mette un tampon de sortie sur son passeport »
4 heures de mauvaise piste aller et retour !!
« Vous allez dire que vous avez reçu le coup de fil trop tard et que je suis déjà parti »
1 cartouche de cigarettes pour faire passer la nouvelle au chef
« Tu ne nous reconduis pas ? »
Si je repasse la frontière, je sus bon pour mes 4 heures de piste. Et en plus, il faut que les Congolais acceptent que je rentre à nouveau…
« Et une bouteille d’eau pour la route » (Les gaillards ont quand même 12 kilomètres à pied à faire…)
Je reprends la route. Le paysage change.
En de rares moments la piste est belle.
Puis elle devient confidentielle
En prenant la photo, je suis interpellé par Thello
70 ans, qui confectionne une nasse pour attraper les poissons.
Il m’apprend que la route est coupée à 28 kilomètres d’ici, que les camions ne peuvent plus passer et qu’ils manquent de tout.
Sa fille, Galia, me le confirme « On souffre, tu sais »
Que puis-je faire pour vous ?
Fais-le savoir !
Ridel joue les stars
Inquiet par cette route coupée, j’interroge les chauffeurs de voitures que je croise
- non tu ne peux pas passer
- oui tu peux passer mais c’est juste
- non tu vas t’embourber
- Surtout ne passe pas
Qui croire ? Le mieux c’est d’aller voir
C’est comme ça sur 200 mètres de long.
Des Congolais mettent des branchages pour faire un passage
- Tu as vu dans quelles conditions on travaille ? (ils sont couverts de boue de la tête aux pieds)
- On n’a rien pour se laver. Je donne des savons
- On n’a rien à boire (32° à l’ombre et il n’y a pas d’ombre) Je donne de l’eau
- Si tu donnes de l’argent, on t’aide à passer. Et si tu t’embourbes, ça te coûtera plus cher de payer des gens pour te sortir de là.
STOP !
Par principe je ne cède pas au chantage.
C’est bien beau les principes mais il faut avoir les moyens d’être en accord avec eux !!
Je repère soigneusement un chemin possible, je passe en 4×4 lent, je prends de l’élan…
Et je passe !
J’ai passé le bourbier !
Tout seul !
T’es quand même pas mauvais, Alain !!
La suite a prouvé que non…
5 secondes d’inattention. Pas plus. Passage facile. 5 secondes. D’inattention, Payées cash !
Embourbé ! Et bien !
Me voilà sur la piste, seul, à contempler les 3 tonnes du chameau dans la boue !!
15 minutes d’attente et Arnaud et Alain viennent à mon secours
La corde cinétique a encore une fois fait des merveilles.
Quant à moi, je suis penaud…
Le paysage change
De près ces collines sont magnifiques
Contrôle de police
- Votre plaque d’immatriculation
- Quoi, qu’est-ce que vous avez encore trouvé pour me soutirer de l’argent ?
Effectivement…
Quelques rencontres
Regardez les oiseaux perchés sur leurs dos
Mais pas que…
Et toujours ces paysages magnifiques
Mais la nuit tombe…
Et vite
Il me reste une heure et demie de piste…
J’assiste à un lever de lune
Et j’arrive enfin à Dolisie à 19h30. 11 heures pour parcourir 285 kilomètres.
Et je trouve du 1er coup un hôtel propre, avec Wifi et eau chaude, pas trop luxueux pour être hors de prix, bref l’idéal. Le Gaps Hôtel, tenu par un couple domino (L’un des conjoints noir et l’autre blanc)
Je fais donc la connaissance de Mata
Je n’ai pas eu le plaisir de faire la connaissance de son mari, très souffrant.
En revanche elle me présente le Père Antoine, un prêtre qui vous donne envie de croire tellement il incarne sa foi.
Nous engageons la conversation et nous parlons de tout, pédophilie, corruption, du Congo, Total…
Nous en parlons franchement, sans tabous.
Tellement franchement que je ne peux pas retranscrire ce que j’ai appris, confirmé par Mata.
Oui, au Congo, les gens souffrent.
Mata me propose la spécialité de Dolisie, le Massali.
Des crevettes d’eau douce de la région du Niari (d’où je viens) assaisonnées du beurre persillé.
Un régal !!
Le lit sera le bienvenu !