Connaissant (un peu) les Guinéens, je me suis mal garé hier soir exprès.
Bien m’en a pris, j’étais quasiment le seul à pouvoir sortir !
Sinon, une heure 30 pour sortir de Conakry, avec des clins d’œil…
Sinon, route tranquille.
Là je suis dans une crevasse. Je me suis arrêté pour que vous puissiez juger de la profondeur !
Sinon les mêmes chargements hauts… en couleur !
Tu te dis « comment ça tient ? » Mais ça tient !
Le paysage change.
L’eau est partout et donne une vraie forêt tropicale. (Les feuilles marron sont recouvertes de latérite, c’est tout)
Evidemment quand un camion tombe en panne au milieu de la route…
A Forécariah je vois que la servilité n’a pas de frontières …
Tiens, à propos d’orthographe…
La terre ne trahit pas, l’orthographe, si !
Je demande mon chemin (il n’y a quasiment aucun panneau indicateur en Guinée).
Spontanément Camara réquisitionne une mobylette qui passait par là. Therno Barry (le conducteur) n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive et je les suis jusqu’à la bonne route !
Et j’arrive à Pamelap : d’entrée me voici prévenu.
100 mètres plus loin
Le temps de trouver un hôtel « suis-nous » me disent Fodé Camara (à droite) et Alkalysayontouré (« tu peux l’écrire toi-même s’il te plaît ? »
J’arrive à l’hôtel Nimba. 60 000 Francs Guinéens négociés à 50 000. Soit 5 €
Oui il n’y a pas de draps et les « oreillers » n’ont pas connu la lessive depuis une décennie ; quant à la salle de bain sans eau courante…
Et je trouve ça parfait. Ça rééquilibre avec hier.
Je vais à la douane (nous sommes à cinq cent mètres de la frontière) et je rencontre, de gauche à droite, Algassane capitaine, né la même année que moi, Martin (en civil) colonel et N’Gaye également capitaine.
Ils m’expliquent que le Sierra Leone étant plus pauvre que la Guinée, les trafics se font essentiellement en provenance du pays voisin : chanvre indien, diamants, gin, cocaïne… N’Gaye « On ne peut pas arrêter les passeurs de diamants. Ils les cachent dans des endroits secrets qu’on n’a pas le droit de fouiller » Je lui fais préciser. Nous parlons bien de la même chose.
De retour à l’hôtel, je suis invité à partager la soupe de poisson. JAMAIS je n’ai mangé quelque chose d’aussi fort. Riz + poisson + piment + piment + piment !!
Jacob, Noël, Emmanuel… sont des Forestiers, ethnie chrétienne. Après les Peuls de Labé, Les Soussous de Conakry, je suis heureux de ce moment unique… et je sors une bouteille de vin pour les remercier. Deux musulmans se joignent à nous sans se faire prier !
Personnellement, je préfère sans flash, c’est plus réel
En remerciement ( !) ils Tiennent à m’offrir du vin de palme.
Ce n’est pas mauvais du tout. Ils m’expliquent comment ils le font.
Bref, soirée unique !
Je dors tout habillé… Mais avec mon oreiller !
Une parenthèse : je m’interdis de faire de la politique. Mais quand je vois des gens vivre comme des bêtes, le mot n’est pas trop fort, sans électricité, donc sans eau courante, au milieu d’ordures… mon cœur se serre et je dis mon indignation. Seulement témoin. Pas engagé mais lucide.
Hier je regardais les Jaguar de fonction du ministère de l’agriculture à l’hôtel 5 étoiles luxe de Conakry et aujourd’hui j’observe de habitants de Pamelap (toujours en Guinée) puiser l’eau à plus de cinq mètres de profondeur pour se laver… Que voulez-vous ? Moi, ça me dérange. Et je le dis. Rien de plus. Rien de moins.