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Au port à 8 heures. La barge n’attend plus que mon chameau
Comme un ballet parfaitement réglé, la grue arrive
On me demande de positionner la voiture
La machine prend ses appuis
Et elle se déploie
Le chariot élévateur vient avec les élingues
On fixe le tout à la grue
Et on fixe les crochets… aux jantes !
- Vous êtes sûr que ça va tenir ?
- On fait ça tous les jours !
Et on monte le tout
(Vidéo du chargement en fin de récit)
Voilà, c’est fini
Reste à retirer les élingues
Il est 9 heures. La barge est prête.
Je file au Beach faire les formalités, verser mon obole aux uns et aux autres et perdre une bonne heure…
Et direction Kinshasa par vedette. Au revoir Brazzaville
Canot vraiment rapide (voir la vidéo en fin de récit)
Arrivée en vue de Kinshasa
J’ai peur d’arriver après ma voiture, mais la barge n’est pas arrivée.
J’apprendrai plus tard que le capitaine ayant raté le réveil, a appareillé un peu avant midi…
Je fonce à l’ambassade d’Angola avec un wé-wa (taxi moto Kinois)
12h17. Le vendredi ils ferment à midi.
Je fais le forcing pour être reçu par l’ambassadeur. Et quand je dis « le forcing »…
Bref, j’ai l’honneur de rencontrer son Excellence, Monsieur l’ambassadeur d’Angola près la République Démocratique du Congo, Manuel João.
Un homme affable, intelligent, ouvert, facilitateur…
Il convoque un employé consulaire et lui demande de me faire en sorte que je reparte, alors que l’ambassade est fermée, avec mon visa avant ce soir. La classe !
Merci Excellence ! Et merci Manuel de Brazzaville de me l’avoir fait recontrer
Dans l’intervalle, je demande un nouveau visa. Gentils les policiers. La couleur de ma peau les excite car elle sent… l’argent. La preuve ils me taxent de 100 $, reviennent avec le visa et le reçu… de 90 $. La gentillesse a un prix.
Entre temps je repère la barge enfin parvenue à bon port. Si j’ose dire..
Et les ennuis commencent.
Je mettrai 5 heures à récupérer le chameau.
L’ex Onatra est un organisme public. L’incompétence le laxisme et la paresse se disputent la première place. C’est l’anti Bolloré. On met 15 minutes pour apposer un cachet (le temps de trouver le cachet, de chercher le tampon encreur, de répondre à sa chérie qui téléphone, de régler un problème urgent (parce qu’il vient du chef), de résoudre un problème pas urgent mais un billet se trouve dans le dossier, de répondre à un autre coup de fil personnel, de reprendre mon dossier car il ne se souvient plus de ce qu’il faut faire, d’écouter à nouveau mes explications, d’essayer de les comprendre car il s’en fiche comme de l’an 40, d’être à nouveau interrompu par….)
Vous croyez que j’exagère ? J’étais dans mon coin et je notais scrupuleusement ce qui se déroulait.
Au moment de signer plus de stylo. Le tampon n’a plus d’encre et le tampon dateur n’est pas à la bonne date. Il faut qu’un subalterne change la date. Et au bout d’un quart d’heure il me gratifie d’un « T’as vu j’ai fait vite »
Je ne vous parle pas du prix. Il a fluctué de 165 à 400 $ selon les interlocuteurs…
5 heures pour des formalités que Bolloré, en face, a mis une heure à effectuer.
- T’as fait la pesée ? (j’ai l’impression d’être un jockey)
- T’as vu l’OCC ? (Office Central de Contrôle qui sert à contrôler ce que les autres ont déjà contrôlé. Ça ne sert à rien mais ça occupe des gens))
- T’as fait tamponner ton carnet de passage en Douane ?
Et j’ai distribué un paquet impressionnant de billets de 1000 Francs Congolais. Il est vrai que ça ne vaut que 0,60 €.
Accueil ironique devant mes billets :
- C’est tout ?
- T’as deux solutions ou bien tu me dis merci et tu le prends ou bien je le remballe (faut dire que je les sortais un par un…)
C’est fou ce que j’ai eu comme « merci »
Le port donne une impression d’abandon.
Les grues datent de 1970. Elles grincent horriblement. Sans parler du nombre de barges à moitié coulées qui pourrissent ça et là…
Je récupère mon visa pour l’Angola à 15h38. (Luanda ferme à 16 heures) au grand regret du préposé à qui les directives de l’ambassadeur ont fortement déplu.
Heureusement que j’avais mon wa-wé, Adrien
3 allers retours entre l’ambassade et le port.
Dans les embouteillages.
J’ai arrêté d’avoir peur. Peur de rouler à contre-sens, d’emprunter les sens interdits, de griller les feux rouges, de circuler sur les trottoirs à grands coups de klaxon pour écarter les piétons effrayés, de se faufiler en touchant les rétroviseurs des voitures, de piler à la dernière seconde, de refuser la priorité aux autres véhicules (j’ai eu le malheur de lui dire que j’étais pressé)…
Au second degré c’est hilarant. On dirait un film. Sauf que j’en suis un acteur bien involontaire et pas doublé !
18h30, je sors enfin du port.
Pour plus de calme, je pars de Kinshasa. 10 millions d’habitants ça ne favorise pas l’intimité…
5 heures d’embouteillages pour parcourir 100 kilomètres.
Et dire qu’il y a des gens qui s’ennuient…
A 23h30 je trouve un « hôtel » à Inkisi. Hôtel Pegal. Ne venez pas de ma part.
Première fois de ma vie que je vois une salle de bain sans lavabo. Et les WC ne fonctionnent pas.
Je suis vraiment mauvaise langue, de toutes façons il n’y avait pas d’eau…
J’ai fait venir un seau d’eau pour une toilette de chat et me suis lavé les dents à l’eau minérale.
Le luxe prend parfois des aspects inattendus…
Mais vous savez, après une journée aussi remplie, on ne fait pas la fine bouche et on ne regarde pas trop les draps.
Ce n’est qu’au matin… Dans la nuit je m’étais dit que ça sentait tout drôle…
Au moins j’ai su pourquoi.
L’argent n’a pas d’odeur. Les draps, si.
Ah oui « Mundélé » veut dire Blanc en Bantou